Il y aura un avant et un après le Sommet et les différents contre-sommets. Cette période a marqué le point de départ des différents dialogues autour des sujets d’éthique, d’investissement ou de formations. Le sujet est désormais incontournable pour tous, levier de transformation pour les entreprises et les organisations publiques, chaque institution ou organisation s’est exprimée. Alors que Plein Sens accompagne de nombreuses entreprises dans leur réflexion stratégique sur l’IA, j’ai souhaité revenir sur les points saillants de ces journées.
L’un des sujets majeurs qui a dominé les échanges est celui de l’éthique. Un sujet qui s’est cristallisé dans la signature par soixante et un pays, dont la France, la Chine et l’Inde, d’une déclaration commune en faveur d’une IA « ouverte », « inclusive » et « éthique ». L’éthique et la responsabilité dans l’utilisation de l’IA concerne de nombreux aspects, notamment dans un usage frugal comme l’a demandé la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, et dont le portrait que dressent Les Échos de la chercheuse Sasha Luccioni donne un aperçu des possibles.
Au-delà des principes, la question de l’impact de l’IA sur le marché du travail et des inégalités qu’elle peut entraîner a suscité de vifs débats, notamment lors du contre-sommet organisé en parallèle. L’IA transforme en profondeur les métiers, offrant plus de productivité, en automatisant certaines tâches et en rendant obsolètes certaines fonctions. Cette mutation entraînerait une précarisation accrue dans certains secteurs, tandis que d’autres voient émerger de nouvelles opportunités, sous réserve d’une formation adéquate. Les participants au contre-sommet ont insisté sur la nécessité de réguler ces technologies pour protéger les droits des travailleurs et garantir une transition équitable.
Conscient de ces défis, le gouvernement français a annoncé plusieurs mesures visant à faciliter cette transition, notamment par des investissements dans la formation aux compétences numériques et un soutien renforcé à l’innovation dans les ressources humaines.
La compétitivité des entreprises françaises face à l’essor de l’IA a été un autre point clé du sommet. Le MEDEF s’est positionné en faveur d’une adoption rapide de l’IA par les entreprises, tout en plaidant pour un cadre réglementaire souple permettant d’éviter une bureaucratisation excessive. L’organisation patronale a également mis en avant la nécessité d’un soutien financier accru, sous forme de subventions et d’incitations fiscales, afin de permettre aux PME de se doter des outils nécessaires à leur transformation numérique. Enfin, l’enjeu des infrastructures a été largement discuté : l’IA ne pourra pleinement bénéficier à l’économie française que si des investissements substantiels sont réalisés dans les réseaux à haut débit et les centres de données.
La ministre du travail, Astrid Panoysan-Bouvet, a donné les grandes lignes des conséquences et des enjeux de l’adoption de l’IA par les entreprises. Pour elle, c’est d’ailleurs plus un enjeu de travail que d’emploi estimant qu' »il n’y aura pas d’IA à large échelle sans dialogue social et sans formation”. Elle estime aussi que la meilleure façon d’adopter l’IA, “c’est de collectivement s’assurer en continu qu’elle soit un progrès en termes de sens, d’intensité du rythme de travail et de partage de la valeur.”
Dans cette course à l’IA, il apparaît en effet essentiel de trouver un équilibre entre innovation et responsabilité sociale. Chaque organisation doit maîtriser et adapter cette technologie à sa culture professionnelle et à ses besoins, alors qu’en parallèle, les salariés ont déjà pu pour certains s’approprier à titre individuel des outils. Si l’IA est perçue comme un levier d’amélioration de la productivité et de l’efficacité opérationnelle, elle soulève également de nombreux défis, notamment en matière d’éthique, d’emploi et d’égalité des chances. Il appartient aux organisations de définir ensemble une feuille de route claire et équilibrée, garantissant que l’IA soit un vecteur de progrès pour l’ensemble des entreprises.