Point de vue

Le manager exigeant est-il un manager harcelant ?

La frontière ne devrait pas être ténue entre un management exigeant et un management harcelant. Pourtant certaines situations de travail mettent les managers et leurs subordonnés en risque, les uns dénonçant une « exigence harcelante », les autres considérant que le « courage managérial » et le respect des objectifs est rendu impossible par le développement des signalements en entreprise.

Pourtant la frontière n’est pas si ténue. Le manager exigeant fixe des objectifs clairs et réalistes, il porte une ambition collective, il encourage l’autonomie et la progression, donne régulièrement du feed-back, il est respectueux dans sa communication, reconnaît les efforts, valorise les réussites. Il stimule et participe par là-même à l’estime que les collaborateurs ont d’eux-mêmes. Son traitement équitable des situations de conflits font dire à ses subordonnées qu’il est juste. A l’inverse, le manager harcelant cherche à dominer l’autre, à le déstabiliser, l’humilier, le pousser à la faute par une pression excessive et un micro-management permanent. Il refuse d’écouter et rejette systématiquement la faute sur l’autre, ne reconnaît jamais les efforts de ses collaborateurs, s’attribue les réussites et use de sarcasmes et de menaces plus ou moins voilées. Il fait du deux poids, deux mesures en permanence et génère des conflits entre collaborateurs, il participe à la perte de confiance et de motivation des collaborateurs, y compris les plus impliqués.

Dans les faits donc rien n’est comparable entre un management exigeant et un management harcelant. Reste le quotidien, les éléments de contexte et les situations vécues qui montrent que les zones grises sont nombreuses (un reporting trop fréquent, des objectifs changeants, l’introduction de nouveaux outils de travail, des feed-backs reportés dans l’urgence, un collaborateur low performer et démotivé, de la fatigue, des propos maladroits, etc….) qui génèrent du mal-être, de l’anxiété et, dans le temps, une souffrance au travail vécue comme harcèlement au travail.

Si les deux formes de management ne peuvent être confondus, il appartient pour organisations du travail de s’assurer que les managers, qui ont la responsabilité des Autres, maintiennent les exigences tout en disposant des bonnes ressources et des bons appuis dans les situations plus inhabituelles, plus tendues et donc plus à risque.